Depuis janvier 2022, le nouvelle Règlementation Environnementale (RE2020) est entrée en application et elle met à l’honneur les matériaux biosourcés dans les nouvelles constructions – on vous explique.
Revenons pour commencer sur le contenu même de la nouvelle Règlementation Environnementale. Elle a remplacé la Règlementation Thermique précédente (RT2012) depuis janvier dernier afin d’instaurer des objectifs de consommation énergétique bien plus ambitieux. Cette modification est mue par la nécessité d’instaurer l’écologie dans tous les secteurs de notre vie quotidienne, et pour accélérer la transition qui doit nous mener à la neutralité carbone. En effet, depuis l’Accord de Paris en 2015, la France s’inscrit dans un programme clair de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre : cet effort doit être national et concerne à très forte raison le secteur du bâtiment.
De fait, aujourd’hui en France, le secteur du bâtiment se positionne derrière celui des transports et est l’un des plus polluants puisqu’il représente 43 % des consommations énergétiques annuelles et qu’il génère 23 % des émissions de gaz à effet de serre (GES). Cette statistique résulte d’une façon de faire plus que d’une inévitabilité : c’est notre façon de les construire et leur façon de consommer qui font des bâtiments des foyers de pollution.
C’est sur ce constat que se base une volonté d’actualiser nos normes environnementales dans ce secteur : la phase de construction d’un bâtiment neuf représente 60 à 90% de son impact carbone total. Il devient donc nécessaire d’envisager la construction d’une maison ou d’un bâtiment à travers deux notions : celle des cycles de vie, et celle de l’éco-construction.
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Concentrons-nous sur cette seconde notion : l’éco-construction. Cette notion se base sur le constat positif que le quart du parc de logements français de 2050 reste à construire. On construit donc actuellement les toits de demain, et ces futures constructions doivent être à la fois durables et confortables pour ses prochains habitants. Il s’agit ici d’imaginer que les conditions de vie seront sensiblement différentes que les nôtres, nous nous devons ainsi de préparer ces habitats aux étés caniculaires qui seront amenés à se multiplier à cause des dérèglements climatiques. Pour se préparer à ces enjeux, les matériaux biosourcés semblent être une des solutions dont l’impact va peser.
Selon la définition du ministère de l’Écologie et l’arrêté du 19 décembre 2012 relatif au contenu et aux conditions d’attribution du label bâtiment biosourcé, « les matériaux biosourcés sont issus de la matière organique renouvelable (biomasse), d’origine végétale ou animale.
Ils peuvent être utilisés comme matière première dans des produits de construction et de décoration, de mobilier fixe, et comme matériau de construction dans un bâtiment ». Les matériaux biosourcés sont de plus en plus utilisés pour les constructions neuves et les rénovations car on les retrouve non seulement dans les structures, mais également dans les matériaux isolants, les composants de peinture, la colle et composants plastiques.
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L’utilisation des matériaux biosourcés a de nombreux avantages : leur utilisation concourt significativement au stockage de carbone atmosphérique et à la préservation des ressources naturelles. Ces matériaux apparaissent comme une alternative plus écologique aux matériaux les plus largement utilisés car leur fabrication demande moins d‘énergie et ils sont capables de stocker le dioxyde de carbone présent dans l’atmosphère.
Cette capacité absorbante est d’ailleurs active toute la durée de vie du bâtiment. Ainsi, selon les comparaisons statistiques, l’utilisation des matériaux biosourcés diminuerait jusqu’à 60% de l’impact carbone par rapport à l’utilisation de matériaux plus traditionnels. La décarbonation du secteur du bâtiment qui est l’enjeu majeur de la RE2020 consacre donc l’utilisation de ces matériaux, mais leur emploi se heurte à une difficulté de distribution.
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En effet, si les matériaux biosourcés ont été transportés sur de longues distances avant d’être utilisés, leur impact carbone sera tout de même significatif. De même s’ils ont été transformés ou s’ils contiennent des additifs chimiques. Ainsi, il est préférable d’utiliser des matériaux biosourcés locaux et le moins transformés possible, sous réserve qu’ils répondent aux caractéristiques pour lesquelles ils sont mis en œuvre. L’objectif est donc de changer d’échelle pour la construction bas-carbone.
L’implantation réelle des matériaux biosourcés et géosourcés (les matériaux d’origine minérale dénués de transformation véritable) dans nombre de rénovations et constructions va cependant prendre du temps, afin que les filières professionnelles s’organisent et se multiplient pour répondre à la demande qui va croître.
Ainsi, et comme toutes les autres mesures de la loi Climat et Résilience, l’obligation d’utilisation des matériaux biosourcés va s’échelonner dans le temps. Il faudra par exemple attendre le 1er janvier 2028 pour que leur usage soit obligatoire dans au moins 25% des rénovations et constructions dans lesquelles intervient la commande publique.
Une des raisons pour lesquelles l’utilisation des matériaux biosourcés est un processus lent est aussi que leur emploi est le fruit de techniques particulières et plutôt anciennes que certains artisans savent toujours maîtriser mais ils ne représentent pas la majorité. Il faut donc inclure des temps de formation et de professionnalisation avant de pouvoir répondre aux attentes. C’est aussi la raison pour laquelle l’industrie n’intègre que très peu les matériaux biosourcés dans ses réalisations.
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